Lewis et Harris, le secret de la cabane du tisserand

Vous connaissez Lewis et Harris ? Non ? C’est une île du nord-ouest de l’Ecosse. Elle fait partie de l’archipel des Hébrides extérieures. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, Lewis et Harris ne forme qu’une seule et même île ... qui regroupe deux régions : Lewis au nord et Harris au sud. Et c’est un endroit où j’adore aller.

Elle est d’abord très sauvage, il y a de la lande partout ! Le vent est quasi omniprésent…et le soleil est plutôt rare. Dit comme ça, ça ne fait pas forcément rêver, mais c’est une île magique. Il y a des collines, des tourbières, des marais et des plages d’un bleu incroyable.

Il y aussi quelques villages, et c’est de ça dont j’ai envie de vous parler. Dans les jardins, derrière les maisons, il y a souvent des cabanes. On pourrait croire à des abris, où on range la tondeuse et le vélo, mais ça n’a absolument rien à voir.

Ce sont en fait des ateliers. C’est dans ces cabanes qu’est fabriqué le fameux Tweed de Harris. Ce qui est étonnant, c’est que ce tissu a du succès, beaucoup même. C’est un tissu à la mode on peut dire, mais c’est resté une production complètement artisanale.

J’vous explique. Le tweed de Harris est fabriqué par les habitants de l’île, à leur domicile, et uniquement à la force des mollets. C’est fou, non ? Les métiers à tisser ne sont pas du tout mécanisés. Et pour les faire marcher, il faut appuyer sur des pédales avec ses pieds.

Ce qui m’a marqué, moi, c’est que les ateliers sont toujours très colorés. Il y a des bobines de laine … je ne sais pas … rouges, jaunes, vertes … Les tisserands utilisent plein de couleurs, pour faire des tissus avec beaucoup de nuances. Et c’est vraiment ce qui a fait la réputation du tweed de Harris.

Au départ, c’est un tissu fait pour les paysans et les pêcheurs. Rien à voir donc avec la mode. La maille était tellement serrée, qu’elle protégeait du vent et de la pluie. Très efficace. Aujourd’hui, c’est un tissu qui plaît à tout le monde, pour faire des kilts, des manteaux, des sacs et même des baskets.

Ce qui me plaît, c’est que le rôle du tisserand reste très important, c’est un vrai métier, avec un vrai savoir-faire. C’est lui qui noue tous les fils de laine, avant de commencer, pour créer des motifs, des petits carreaux, des grands, des chevrons.

Et tout au long du tissage, il ou elle d’ailleurs – car ce métier est fait par des hommes et des femmes – caresse son tissu, pour vérifier qu’il n’y a pas de défaut. Du coup, c’est un vrai lien qui se crée entre un tisserand et le tweed.

Pour créer leurs motifs et choisir leurs couleurs, je sais que les tisserands s’inspirent souvent des paysages de Lewis et Harris : la mer, le ciel, la tourbe, les oiseaux, le sable, tout ça vient nourrir leurs créations.

J’aime bien porter ma casquette en tweed de Harris. Je sais qu’elle a été faite avec le cœur. Quand je la mets, même si je suis loin de Lewis et Harris, je sais que je fais partie de l’île, autant qu’elle fait partie de moi.